Le festival des Contes Givrés a 20 ans, une vidéo produite par l’association Antipodes nous rappelle ce que cela implique et les chiffres parlent d’eux-mêmes.
L’occasion de revenir sur ces deux décennies d’action avec Geo (président), Marie-France (Directrice artistique du festival) et Pauline (attachée culturelle), une équipe toujours parée, une peu folle et toujours engagée.

 

 

 

20 ans, à l’heure où de plus en plus de festivals mettent la clé sous la porte, quel est le secret de votre longévité ?

Marie-France
Plusieurs secrets :
1 – la qualité (nous allons voir tous les spectacles en amont pour les choisir)
2 – en conséquence nous savons défendre la programmation pour donner envie de voir les spectacles et élargir l’audience auprès de personnes éloignées des envies d’aller au spectacle ainsi que des cathédrales culturelles (ou éloignées des accès à la culture)
3 – Les formes de paroles sont différentes pour surprendre le public et susciter la curiosité
4 – La ténacité et la qualité de l’équipe pour défendre notre action

Geo
Le secret de notre longévité, c’est la TENACITÉ c’est à dire l’OPINIÂTRETÉ que nous développons avec ASSIDUITÉ et VOLONTÉ, et aussi LA SUITE DANS LES IDÉES. LA PERSEVERANCE en quelque sorte.
Un festival qui dure et perdure. Pourquoi ?
C’est que le conte est une valeur intime, propre à chaque individu, qui peut rebondir à chaque instant, et qui cherche en permanence ce qu’on appelait autrefois le «  non-public  », c’est à dire cette marge de spectateurs non identifiés, voire anonymes, qui se déplacent au gré de leurs envies, au gré de ce qui les motive pas en fonction de la mode, ni en fonction des courants du moment, de ceux qui sont «  in  », branchés, qui sont au sommet de la vague, ou portés par un mouvement ascendant, qui tient plus de ce qu’on est aujourd’hui (du moment qui passe…), que des profondeurs véritables.

Pauline
J’ajouterai volontiers le caractère visionnaire des créateurs du festival Marie-France Marbach et Geo Jourdain, qui ont su mettre en place il y a 20 ans un événement qui répondait parfaitement aux attentes : et du public (la proximité) et des artistes (recherche à diversifier les lieux de diffusion et être au plus proche du public) et des structures d’accueil (recherche de spectacles de qualité et «  tout terrain  »).

 

Le festival dépasse les frontières du département, mais Antipodes réside en Saône et Loire.
Public, soutiens, lieux de représentation, dynamisme… Votre avis sur la situation de la culture sur le territoire ?

Marie-France
Le festival a commencé en Saône et Loire en 1999 dans 10 bibliothèques après 10 ans de présence de Marie-France Marbach auprès des bibliothèques et des écoles. Quatre ans après, il est devenu régional.
Dès sa création, la volonté de conter aux adultes et aux adolescents était clairement énoncée : Le public était presque exclusivement féminin. Petit à petit les hommes sont venus. A présent l’équité est presque atteinte.
En 20 ans, il a fallu affronter quelques turbulences : gros évènements mis en place par le département, etc …nous étions «  le pot de fer contre le pot de terre  » mais aussi «  le chêne et le roseau  » et cela nous a permis d’être reconnus, conventionnés par le Département de Saône et Loire, soutenus par la Drac et la Région.
Les partenariats et lieux de représentations se sont multipliés et diversifiés : associations, communautés de communes, communes, théâtres, scènes nationales…
Le dynamisme culturel de la Saône et Loire en comparaison aux d’autres départements est évident, mais une inquiétude plane. Certains partenaires perdent leur direction artistique, cela ne semble plus une priorité pour plusieurs municipalités. Or la qualité du travail est une condition indispensable pour créer ou faire perdurer une action culturelle et faire société.
L’équipe actuelle d’Antipodes mériterait d’être étoffée pour perdurer et répondre aux attentes pour ne pas épuiser les énergies qui combattent sur le même créneau.

Geo
Pourquoi en Saône-et-Loire ?
Parce que c’est le département de résidence de l’association ANTIPODES d’où partent toutes nos initiatives, toutes nos idées, c’est le socle sur lequel repose maintenant une institution culturelle reconnue, qui s’étend, fait tâche d’huile, concerne une population à la fois rurale et urbaine, inter-âges, mixte, où les hommes ont rejoint les femmes, ce qui n’était pas évident au départ. Et où enfin CULTURE et AGRICULTURE peuvent faire bon ménage et former un attelage dynamique.

Parce que c’est un territoire circonscrit, que nous pratiquons dans ses moindres replis, depuis maintenant ¼ de siècle. Et dont nous connaissons bien les difficultés, les avantages, les circuits; les hommes et les femmes qui les animent dans un enchevêtrement de bêtes à cornes (bovins et caprins), et même des gastéropodes de passage aux lenteurs exaspérées certes, mais néanmoins cornus.

 

Y’aura-t-il une 21ème ? Quels sont vos objectifs et aspirations pour la suite ?

Marie-France
OUI, il y aura une 21ème édition ! L’association ANTIPODES est devenue un véritable incubateur de projets, le festival est un tricot compliqué mais qui fonctionne et qui est attendu. Nous avons déjà une partie et de la programmation et le furet givré parcourt le pays à la recherche des perles…
En projet des résidences d’artistes qui viendraient créer leur spectacle avec des moments de rencontres avec le public…
Une journée Particulière dédiée à l’art du Conte avec publications, livres, linguistes, chercheurs, conteurs…à la portée de tous pour mieux faire reconnaître cette pratique artistique.
Une implication plus soutenue avec le village de Chevagny-sur-Guye où le bureau d’Antipodes est maintenant implanté et les jeunes producteurs de plus en plus nombreux qui revivifient le paysage.
Creuser la dimension «  Culture-agriculture  » dont la vitalité est un moteur porteur !

Geo
La barque a été menée assez loin maintenant pour maintenir le cap sur la durée. Avec quels objectifs ?
L’élargissement du public bien sûr, mais aussi, dans le même esprit, une implication plus large, plus profonde, des institutions régionales, départementales, sociales, pour que tous les rouages des administrations culturelles soient concernés autour d’un même projet, d’une même action, surtout à l’heure où Antipodes s’installe plus solidement dans le village de Chevagny, qui accueille désormais le siège social de l’association pour y développer d’autres innovations, toutes liées à l’ORALITÉ et à l’IMAGERIE POPULAIRE, pour JEUNES et ADULTES mêlés. En ce sens, d’ailleurs, un projet porteur, très lié à la fonction des valeurs régionales, qui va à la rencontre des regroupements inter-régions entre BOURGOGNE et FRANCHE COMTÉ est en passe de déboucher sur une opération interculturelle, une vaste fondue qui mêlerait progressivement, au niveau socioculturel, tout ce qui nous rassemble et nous réunit dans un gigantesque chaudron aux goûts et saveurs multiples, liés aux arts culinaires, aux arts plastiques, aux conteurs et même au «  CHAMANISME  ». LA GRANDE FONDUE de BOURGOGNE FRANCHE-COMTÉ, c’est un projet gigogne, polycéphale, dont toutes les têtes formeront un banquet multicolore, liant parfums, formes en mouvements, dans une harmonie, une force poétique inspirée par «  Les demoiselles d’Avignon  » ou «  Le cheval de Guernica  » par exemple.

Retrouvez l’actualité du festival et de l’association sur http://association-antipodes.fr

 

Les Contes Givrés ont 20 ans