Face à l’urgence écologique, comment lutter ?
Extinction des espèces, augmentation des gaz à effet de serre, épuisement des ressources naturelles, pollution, la catastrophe écologique est réelle. Et le rapport entre l’être humain et l’environnement se détériore.
En est-on arrivé à un point de non-retour ?
Des citoyens refusent ce fatalisme et choisissent l’action !
lls proposent des vraies solutions alternatives à nos modes de vie problématiques et engagent des actions pour concrétiser l’utopie.
Qui sont-ils ? Que proposent-ils ? Présentation de ces super-héros du territoire !

Environnement et Emploi : le double pouvoir de Delphine Chouvet

Transformer des déchets et donner du travail à ceux qui galèrent, c’est la mission que s’est donnée Delphine Chouvet avec l’association des Valoristes Bourguignons !

Delphine Chouvet par ©Arnaud Finistre pour La Vie


C’est dans un hangar de 800 m2 que la magie s’opère.
26 salariés s’activent à récolter les déchets tels que le polystyrène, la glassine des étiquettes de vins, les plastiques souples d’emballage, le plâtre ou encore les roues de voitures.
Où récupèrent-ils ces déchets ? Auprès des déchetteries de collectivités mais aussi dans les entreprises privées autour de Crissey, dans la périphérie de Chalon-sur-Saône.

Pour éviter qu’ils soient enfouis dans le sol, les Valoristes Bourguignons leur donnent une seconde vie. C’est ici qu’intervient le processus de « valorisation » de déchets !
Prenons le polystyrène. D’abord, il est compacté par 40 fois son volume initial, puis recyclé pour devenir, par exemple, une plaque d’isolation pour le bâtiment ou des semelles de baskets, ou même encore des cintres !

©Jean-Marc Mazue pour le JSL



Une démarche très innovante sur le territoire, puisque Delphine s’attaque à des déchets de construction dont personne ne pense le recyclage.
Or en France, c’est la production des déchets du BTP* qui est la plus élevée. Parmi les 324,5 millions de tonnes de déchets produits par an, ils sont 228 millions de tonnes, ce qui représente le double de la moyenne européenne.**
Les roues des voitures sont notamment des déchets qui en effraient plus d’un à cause de leur composition faite de ferraille et de pneumatique.
Pour les Valoristes,ce n’est pas un problème ! Ils ont mis en place une ligne de « déjantage de roues », ce qui facilite le processus de transformation.

*BTP : Secteur économique du bâtiment et des travaux publiques

** Production de déchets, une baisse en trompe l’oeil, Phillippe Collet pour Environnement & Technique n°381, 7/05/2018

« Le chemin est très long pour en arriver là », nous dit Delphine.
L’innovation qui caractérise son projet appelle à faire ses preuves sur le territoire, s’entourer de personnes expertes dans les activités développées, réfléchir constamment à un système économique pérenne, mais aussi entretenir l’appui des politiques locales.
« Le tout est de garder le cap, de ne pas se perdre et surtout d’oser ! ».

Et les résultats sont là : en 2018, 85 tonnes de déchets ont été transformés, un bénéfice non négligeable dont l’entreprise est fière.

C’est votre tour : Les Valoristes Bourguignons, France 3, novembre 2018



« Il faut penser de manière plus globale, aller plus loin ! »

Delphine Chouvet, responsable des Valoristes Bourguignons

Vous l’aurez compris, pour elle, il est absolument nécessaire de ne plus penser de manière linéaire.
Sauver la planète, ça peut aussi créer de l’emploi ! Un projet écologique pertinent, c’est un projet qui porte plusieurs ambitions comme un développement économique mais surtout social.
La transition écologique peut tout à fait être créée en adéquation avec un territoire et ses habitants !

Elle parlait de son projet il y a un an dans l’émission Spitch de Odil [https://bit.ly/2wYGECv ] et à ce jour, ses objectifs ont évolué.

« L’activité suit son cours, on a pu renouveler l’équipe et développer une nouvelle filière comme l’encerclage, puis développer la découpe de polystyrène. En terme d’innovation sociale, on a obtenu la convention pour recruter des travailleurs indépendants », et ce en plus du chantier d’insertion mis en place depuis 2017.

Nous, on fait le pari que son initiative s’inscrira dans la durée, tissera encore d’autres partenariats locaux et sera source d’inspiration à une plus grande échelle !

La glassine, matière récoltée puis transformée par Les Valoristes Bourguignons
Les « bûches » issues du polystyrène compressé, prêtes pour le recyclage




Eco’Cook vs le déchet, ennemi numéro 1 !


Le meilleur déchet, c’est celui qu’on ne produit pas !

Le projet Éco’Cook prouve que le supprimer, c’est possible.
« Du Local en Bocal », c’est leur devise.
Chantier de réinsertion, circuits courts, produits frais, bonne cuisine et zéro emballage, l’organisme coche toutes les cases du développement durable !
La « Conserverie d’insertion », c’est à la fois un commerce sur Mâcon mais aussi la possibilité de livrer des repas pour des événements.
Manger bien et réduire ses déchets, mission accomplie pour Éco’Cook !

Produits proposés par Éco’Cook

L’idée ?

Manger différemment, plus local, pour éviter les nombreux transports en tout genre et les pollutions qui sont liées.

Manger des produits issus de l’agriculture raisonnée ou biologique, où l’utilisation des produits chimiques est encadrée voir prohibée. Moins de pollution de l’air et des sols donc.

Manger moins mais de meilleure qualité pour limiter les exploitations intensives et permettre aux petits producteurs de vivre de leur travail.

Consommer du vrac pour limiter les emballages plastiques et les tonnes de déchets et enfin récupérer les aliments en date limite de péremption et les transformer rapidement pour éviter du gaspillage, et permettre de redonner une seconde vie à ces produits voués à la destruction.

Monsieur Vulin, en charge du projet Éco’Cook à l’association LePont



Produits proposés par Éco’Cook


Melting Popote et son laboratoire alimentaire : rassembler les héros !

Dans le Clunisois, une multitude d’initiatives autour de l’alimentation sont mises en place pour transformer les modes de production et de consommation afin qu’ils soient de plus en plus éthiques et respectueux de l’environnement.
C’est face à ce constat qu’est né la Scic* Melting Popote !
Son but ? Amener du bon dans l’assiette en respectant la planète !
Son outil ? Le « Laboratoire agro-alimentaire partagé ».

*Scic : Société Coopérative d’Initiative Collective

Melting Popote, Cluny TV, Avril 2019

À qui s’adresse ce laboratoire ?
Toutes les coopérations dans la filière alimentaire sur le territoire du clunisois qui agissent pour « l’accès à l’alimentation durable, le renforcement des circuits courts , la qualité de l’alimentation, la lutte contre le gaspillage alimentaire et la mise en pratique de la solidarité ! »
Parmi eux, il y a Le Pain sur la Table, une pâtisserie bio qui fait aussi office de café-librairie ou encore InCluniso, un service associatif de collecte de déchets alimentaires encore consommables !

Dans ce laboratoire, les usagers pourront profiter des compétences d’un cuisinier, d’un matériel adapté à leur activité, de la certitude du respect des règles sanitaires mais aussi la possibilité de composter tous les déchets organiques issues des transformations alimentaires. Cette dynamique serait aussi source de création de repas de bonne qualité et locaux pour les enfants à l’école !

© Association Bergerades

Créer ce grand réseau qui encourage les acteurs du territoire, ça permet d’en développer l’activité économique mais surtout de travailler à plusieurs pour une réelle transition écologique !

« Nous ne prétendons pas changer l’inductrie alimentaire mais oeuvrer à notre niveau sur l’antigaspillage en permettant d’une part de transformer des fruits et légumes actuellement jetés et défraîchis ou hors calibre, d’autre part en produisant des repas de qualité pour les enfants ».

Marie Fauvet du projet Melting Popote



Ils font barrage au tout payant !

Et si le développement durable, c’était déjà consommer moins ?

C’est en tout cas ce que défend La Bricothèque de Chalon-sur-Saône en encourageant l’autonomie et la débrouille.
Comme un livre dans une bibliothèque, vous pouvez y emprunter du matériel de bricolage de bonne qualité, recevoir des conseils et bénéficier de formations.

La Bricothèque de Chalon-sur-Saône, Réalisation Anothervison Production, production ADEME Bourgogne franche-Comté, 2016


Plomberie, électricité ou encore informatique à la maison, les Brico’stages proposés donnent aux visiteurs la possibilité de parler le même langage que les techniciens, de comprendre leur propre matériel et d’effectuer eux-même les réparations. On limite les achats inutiles, on arrête de jeter !

Motivé par les initiatives similaires de la région, les membres de l’asso’ ont plein d’autres idées pour développer la Bricothèque : créer un Repair’Café, agrandir l’offre à du matériel de jardin. Seul le manque de place est un obstacle à ce jour pour leurs ambitions !




Pour ne pas jeter le mobilier ou l’électroménager, on peut aussi le donner !
Annie Dubois est à l’initiative de l’événement Gratiferia à Sanvignes.
Une brocante qui encourage le troc plutôt que l’échange monétaire.
Ce projet permet à la fois de déposer les objets dont on n’a plus la nécessité mais aussi d’en acquérir d’autres gracieusement.

© Sylvain Raux pour le JSL

Nous en sommes à notre 9ème Gratiféria en trois ans d’association.

Une par an ne suffirait pas à ce que les gens prennent conscience du problème des déchets et du gaspillage.
La dernière nous a montré que ceux qui ont envie de changer leurs comportements sont nombreux !

Annie Dubois, à l’initiative de l’événement Gratiferia



Ces super-héros ne sont pas les seuls !

Les initiatives sont parfois discrètes mais elles sont multiples.
Alimentation, transport, consommation, des nouveaux modes de vie naissent parmi les individus et sont la preuve à petite échelle que changer nos habitudes pour la planète, ça peut devenir une réalité.

Seulement la planète ne peut plus attendre !

Malgré la réactivité du citoyen, la politique ne suit pas. Il est nécessaire de passer à l’étape supérieure pour faire la différence et contrer le désastre écologique.
Le Haut Conseil pour le Climat (HCC) a annoncé que la France ne tenait pas ses engagements écologiques promis en 2015 lors des Accords de Paris.*
L’état s’était engagé à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 ; ce qui implique d’établir un équilibre entre les émissions de gaz à effets de serre d’origine humaine et leur retrait dans l’atmosphère.
Mais le HCC annonce que les efforts faits en ce sens ne sont pas suffisants et la présidente de cette instance consultative Corinne Le Quéré précise :
«La baisse annuelle des émissions est deux fois moins rapide que ce qu’elle devrait être. Ce rythme devrait tripler d’ici 2025 pour respecter les engagements de la France »

Selon la revue Environnement et Technique, la France produit 25 tonnes de déchets par seconde, dont on ne sait que faire et que l’on retrouve parfois déchargés en Malaisie**.
Imaginez donc à l’échelle planétaire.

S’inspirer et s’appuyer sur ces initiatives citoyennes créatives, innovantes et engagées pour les mettre en place à plus grande échelle semble être une des clés pour changer radicalement les choses.

Devenons tous des super-héros !

De la série Proven Innocent, 2019


**  » Haut Conseil pour le climat : « Les efforts de la France sont nettement insuffisants » « , Lucile Meunier pour Usbek&Rica, 26/06/2019 [ https://bit.ly/2RHpEdl ]

**  » Le scandale du plastique français exporté en Malaisie « , Hugo Clément pour Konbini, 05/06/2019 [ https://bit.ly/2MsTPG5 ]