Franck et Priscille sont musiciens. Ils ont vu toutes leurs dates de tournée tomber à l’eau, leurs potes intermittents se ronger les ongles et se gratter le crâne pour savoir comment ils survivraient à cette grande parenthèse anti-pandémie. Ils n’ont pas mis longtemps à réagir. Sur nos fils réseaux sociaux, de nombreuses initiatives individuelles apparaissent. Des groupes d’apéros live entre amis, des artistes qui vous livrent leur dernière composition matinale, des DJ qui proposent d’ambiancer la toile. Franck et Priscille eux, ils ont fait le choix du collectif. Ils organisent un festival de musique indé depuis leur canapé au Creusot. Ils nous expliquent comment et pourquoi dans cette interview !
Salut les artistes, vous avez le moral ?
PRISCILLE : Ca va ! Nous on a réussi à s’organiser, j’ai encore un peu de droits chômage, Franck est en télétravail tant qu’il a encore des clients. On a un jardin, on n’est pas les plus à plaindre. Par contre on voit au niveau des intermittents, que pour beaucoup c’est la grosse merde, plus de cachets, plus rien…
FRANCK : Oui pour la plupart c’est compliqué. Il y en a qui sont pile au moment du renouvellement de leur statut et ils se disent que ce ne sera pas renouvelé…
PRISCILLE : Je pense qu’il va falloir quelques jours déjà pour absorber le choc, s’organiser pour le confinement et tout ça, parce que c’est pas simple, pour pouvoir réfléchir après à des solutions. On en trouvera mais il faut un peu de temps.
Vous êtes la toute première initiative culturo-solidaire du coin que j’ai vue apparaître son mon fil d’actualité ! J’ai trouvé ça génial et super évident que vous la proposiez. Comment l’idée est née ?
FRANCK : Ca fait déjà quelques jours qu’on voit qu’il y a des festivals, des concerts, des spectacles qui sont annulés les uns après les autres. Les rassemblements interdits à 5000 personnes, à 1000 personnes, après 100 personnes…
PRISCILLE : Oui, on a observé la réduction des jauges… Et quand ça c’est complètement arrêté on s’est dit mais putain ! Plus de concerts, plus rien, comment on peut faire ?
FRANCK : On s’est dit qu’un festival de musique en ligne ne remplacerait pas les moments qu’on peut vivre ensemble en vrai. Mais on a pensé que si on proposait tous de faire quelque chose, un partage d’un peu de musique de chez soi, pour continuer cet apport là qui est est un peu vital pour nous, ce serait bien. Le moment où tu peux plus te réunir dans les bars, c’est un peu cuit. Donc voilà, c’était logique de proposer ça. Tout le monde le fait d’ailleurs. On a lancé le message vendredi ou samedi et pis on a reçu des réponses « Ah ouai ! Bonne idée ! » et voilà c’était parti.
PRISCILLE : Il va falloir des choses comme ça qui permettent un peu de sortir la tête du bocal et d’accompagner ce moment anxiogène. Tout le monde stresse de son côté, on a besoin de souffler un petit peu. C’est comme ça qu’est né INDIE HOME FESTIVAL !
Vous dites que tout le monde s’est saisi d’internet et propose de participer à colorer musicalement le bazar ambiant. Mais je vois plus des gens qui proposent des lives depuis leur salon, qui font leur promo à eux pour continuer à exister ce qui est bien normal. J’ai pas vu beaucoup de gens qui avaient envie de partager leur public et de fédérer autour d’un projet !
PRISCILLE : C’est vrai. Nous on a voulu pensé INDIE HOME FESTIVAL comme un festival en direct, avec tout le monde, aussi bien avec des amis qu’avec des personnes qu’on connait pas qui nous ont contacté ! C’était super ça tu vois, de recevoir des propositions d’artistes à l’autre bout de la France !
FRANCK : Oui grâce à ça on a découvert des pépites depuis quelques jours, vraiment on est contents, si on était restés dans notre coin ça n’aurait pas eu lieu. C’est ça qui est dingue, plein de gens qu’on ne connaissait pas et d’un coup pouf, on se réunit pour proposer quelque chose en commun. Notre annonce du festival a été beaucoup partagée, ce qui a permis d’éclater complètement notre cercle, c’est allé bien au-delà.
Trop bien ! On va pouvoir découvrir des groupes sans bouger de chez nous ! On peut en savoir plus sur la programmation ?
FRANCK : Oui ! Plein de groupes de styles très très variés !
PRISCILLE : Le seul truc compliqué c’est qu’à cause du confinement, beaucoup de groupes ne peuvent pas se réunir. Donc ce sera plutôt des propositions solo, ou des duos quand c’est des couples qui jouent ensemble.
FRANCK : On peut retrouver le détail de la programmation sur notre affiche et sur l’évènement Facebook ici.
Et concrètement, ça se passe comment ? On se connecte où pour y assister ?
FRANCK : On démarre samedi, pour tout le week-end. Je pense qu’on réitèrera l’expérience, surtout si le confinement se prolonge. On va voir ce que donne la première, on s’est lancés dans le truc en sachant que techniquement c’est du boulot et qu’on serait un peu débordés ! 😉
PRISCILLE : On n’a pas trop réfléchi ! (rires) Plus sérieusement, il faut juste que les spectateurs se connectent à la page Facebook de Indie Home Festival, les groupes s’enchaîneront, 25 minutes de session puis quelques minutes de battement pour que le prochain prennent la main sur la suite ! On pense à tout ceux qui n’ont pas de jardin ou de verdure autour d’eux, ceux qui sont confinés dans les appartements… On espère que ça fera du bien à tout le monde, les artistes et le public !
Merci Priscille et Franck ! SAMEDI 21 MARS et DIMANCHE 22 MARS 2020, connectez-vous sur Indie Home Festival et partagez le live un maximum !