C’est dans la petite commune de Bonnay que les membres du Foyer Rural et l’association Pop-up Livres et Cie ont décidé de créer un festival de cinéma d’animation ! L’occasion de dévoiler la technicité que requiert ce cinéma par le biais d’ateliers puis d’en valoriser la force communicative. Le fondateur Antoine Chavanne, par ailleurs créateur du studio Fil’Anim, a répondu à nos questions.
Du cinéma d’animation à Bonnay ! Dis-nous en plus sur le festival !
En effet, du cinéma d’animation à Bonnay ! J’aimerais commencer par le début. En ce qui me concerne j’ai découvert le cinéma d’animation en 2009 grâce à un stage qui a eu lieu dans le village. Suite à cette expérience ma passion était née. Je me suis dit alors : et si on pouvait partager cette passion pour le cinéma d‘animation et faire découvrir ce monde plein de magie et de surprises ? C’est donc plusieurs années après, en discutant avec des personnes du village (dont Emmanuel Courtois, Maryse Dedianne et Fabienne Chavanne) que l’idée d’un festival a pris forme. Suite à cela on a parlé du projet à d’autres intéressés et nous nous sommes lancés dans l’aventure pour une première édition en 2015. Les idées fondatrices de Bonnay’Toiles sont premièrement, faire découvrir le cinéma d’animation autrement que le simple « dessin animé destiné aux enfants ». Les films d’animation sont pour tout le monde, voire quelquefois que pour adultes ! La deuxième idée est de mettre en évidence la richesse et la diversité des techniques de réalisation. Montrer au public la fabrication de ces films, qui, je trouve, s’apparente à de l’artisanat. Découvrir l’envers du décors donne toujours une vision différente de ce qu’est réellement l’animation.
Monter un tel projet en zone rurale, c’est la promesse de beaucoup d’obstacles ou au contraire, l’assurance d’un appui des acteurs locaux ?
Il est vrai qu’au premier abord on aurait tendance à imaginer qu’il y a beaucoup d’obstacles, le cinéma d’animation étant peu connu, toucher les acteurs locaux peut être plus difficile. Le truc est que c’est aussi la force du festival ! On a la chance d’avoir dans nos rangs le maire du village. C’est un appui considérable pour les demandes de subventions et autres soutiens. Bonnay est aussi un village dynamique avec des habitants motivés. Bien sûr cela ne fait pas tout, il faut que le projet tienne debout. Je pense que, dès la première édition, nous avons su expliquer et mettre en valeur ce que représente Bonnay’Toiles. C’est un festival de cinéma d’animation (ce qui déjà est rare dans la région, c’est le deuxième avec Cinémascotte à Tournus) qui se veut convivial, dans l’idée de partager une passion et d’ouvrir sur de nouveaux horizons. Pour répondre à la question, aucun projet n’a la certitude d’exister et d’avoir l’assurance d’un appui des acteurs locaux. Le plus important est de croire en son projet et en l’équipe qui le soutient.
Véhiculer des idées puissantes par le divertissement, c’est aussi une force du cinéma d’animation et quelque chose que tu voulais mettre en avant ?
Lorsque l’on arrive à mettre sur pied un événement culturel, je pense qu’il est normal et naturel de véhiculer des idées. Avant tout, le festival Bonnay’Toiles a été créé pour divertir, pour que les gens se rencontrent et partagent un bon moment, ayant ou non une passion pour le cinéma d’animation, et c’est cela qui est intéressant. C’est pouvoir éveiller la curiosité du public, l’emmener hors de sa zone de confort. Les films d’animation peuvent parfois être anodins au premier abord, être de « simples dessins animés » mais au final ils se révèlent plus compliqués que ça et traitent de sujets bien plus difficiles, comme la mort, la sexualité, la guerre, etc. Ils peuvent nous donner des sensations rien que par l’image et le son. C’est cela que nous essayons de partager et de faire découvrir. Notre but premier n’est donc pas de véhiculer des idées puissantes, mais de faire passer un agréable moment au public et si ce dernier y voit un message, une idée ou autre, alors on aura doublement réussi, on aura fait découvrir le cinéma d’animation sous un autre angle.
C’est aussi un processus de fabrication très intéressant, comme les visiteurs ont pu en avoir un aperçu grâce à des ateliers de pratique !
On peut regarder un film d’animation sans obligatoirement s’intéresser à sa fabrication. D’ailleurs, comme n’importe quel film de cinéma. Cela ne changera pas le plaisir du divertissement et la compréhension de l’histoire. Cependant nous pensons que comprendre comment est réalisé un court ou long métrage d’animation aide parfois à saisir en profondeur l’histoire d’un film. Comme on me l’a souvent dit, et je le répète à mon tour, la forme sert le fond et inversement. Le festival va justement être là pour piquer la curiosité et intéresser le public sur les procédés de fabrication. Découvrir l’envers du décor rend encore plus magique le résultat qui en découle, c’est-à-dire le film projeté sur l’écran. Pour cela, nous avons deux outils, le premier est d’organiser en amont du festival quelques jours d’atelier afin de réaliser un petit court métrage pour ensuite le projeter pendant le festival. Cela permet aux participants de voir concrètement la création du début à la fin. Notre deuxième outil va être les making of (les « comment on fait ») lors du festival, soit projetés dans les séances soit dans un autre lieu entre les projections. Parfois, lorsque l’on a de la chance, nous pouvons avoir des expos, en ayant par exemple des marionnettes qui ont servies pour un film, comme lors de l’édition 2017. La réalisatrice, Emmanuelle Gorgiard, était venue parler de son court métrage « Le Cid », accompagnée de ses personnages. Tout cela participe à l’identité de Bonnay’Toiles, un festival du cinéma d’animation à la fois passionné et convivial, en milieu rural !
As-tu des idées pour la prochaine édition en 2021 ?
On a même déjà notre thème pour 2021 mais je ne suis pas sûr de pouvoir vous le dévoiler… Disons que cela va swinguer !
La rétrospective est signée Sylvain Felten dont voici le site : http://www.lafelt.fr/contact.html