ODIL avait déjà accompagné la sortie de SPIRAL(E)), premier et précédent bouquin l’auteur valloirien.
Dans le deuxième SILENCER (à prononcer à la française), David Bauquet s’attaque au polar noir et nous embarque dans les pensées d’un tueur professionnel.
On ne va pas vous spoiler le livre, juste interroger l’écrivain, mieux connaitre ses secrets de cuisine, comprendre comment on peut vivre sa passion, si loin de la concentration « capitale » de la littérature française.
2ème roman qui sort aux éditions nouvelles bibliothèque, ça fait quoi ? Que t’apportes cette maison d’édition ? Spiral(e) a-t-il eu les retours espérés ?
Ce que m’apportent les éditions Nouvelle bibliothèque, c’est une chance d’aller de l’avant. Grâce à cet éditeur, j’ai eu la confirmation de mes points forts. Mais surtout, j’ai compris quelles étaient mes lacunes, et il y en avait plus que je ne l’envisageais. Or, très peu d’éditeurs ont la délicatesse de répondre individuellement, avec des arguments. Sur près de 70 contactés, pas plus de deux avaient eu cette courtoisie. Je ne blâme pas tous les autres, les grandes maisons très connues reçoivent 25 manuscrits par jour en moyenne. Ce sont des rouleaux compresseurs, ceux-là n’ont pas le temps d’être gentils ^^. C’est ce qui fait toute la différence avec Nouvelle bibliothèque : l’éditeur Frédéric Frère a fondé sa maison en privilégiant les rapports humains, et aussi la transparence. Cela instaure un climat de confiance rare. Mon premier roman publié il y a maintenant plus d’an, a été un vrai chamboulement personnel : Ça y est, j’ai un éditeur qui me soutient ! Ce fut aussi grisant qu’une gorgée de Pouilly-fuissé. Depuis d’ailleurs, j’ai cette chance de n’avoir eu que des retours positifs sur SPIRAL(E). Apparemment il fait du bien à qui le lit. Avant cela je n’espérais rien afin de ne pas être déçu. Eh bien de ce seul point de vue, je suis plutôt comblé.
Alors, un deuxième roman ça fait quoi ? Dorénavant je ne suis plus un primo-édité. J’ai grandi. Comme si j’étais passé à une classe supérieure à l’école.
Cette fois tu t’attaques au genre polar, raconte-nous la genèse de ce roman et son histoire ? Quelles étaient tes inspirations ?
Préalablement écrit sous forme de scénario, cette histoire comme beaucoup d’autres, je la destinais directement pour le grand écran. D’abord, mon pari secret fut d’élaborer une histoire à enquête où il n’y aurait pas un seul flic à l’horizon. Je trouve qu’on en voit trop sur les écrans, petits ou grands. Ensuite, une de mes inspirations était motivée par une exaspération personnelle… Il arrive que dans un film un narrateur accompagne le spectateur, pour expliquer ce qui ne peut être démontré. Bon, ok. Mais j’ai remarqué que très souvent, cette voix-off n’allait pas jusqu’au bout du film, qu’elle n’accompagnait pas le spectateur jusqu’à la fin. Alors c’est ce que j’ai voulu faire, avec des paroles cyniques. Sur une fin amorale de surcroît. Avec SILENCER, cette voix-off était celle du personnage central, un homme qui n’a pas de nom. Un tueur professionnel. Transposer cela en roman n’a pas été difficile, j’ai mis les pensées du tueur en italique, point barre. L’autre inspiration était de se balader dans l’esprit d’un tel personnage. Car un tueur professionnel c’est comme un agent secret, on ne sait rien de ce qu’est leur vie au quotidien, on ne peut que l’imaginer. Le fantasmer à l’infini. Alors je me suis laisser aller, et je me suis bien amusé. Au final, divertir est le but de toute histoire, que ce soit fleur bleue ou roman noir.
L’écriture pallie-t-elle à tes désirs originels de cinema ?
C’est-à-dire que pendant des années, même quelques décennies, j’envisageais le cinéma comme une ambition, alors que ce ne fut en réalité qu’un rêve. J’ai rêvé être cinéaste mais je n’en avais pas le tempérament. Pour diriger une équipe il faut nécessairement être très entouré, et de ça je n’en ai jamais eu l’habitude. Par ailleurs, porter un projet de plusieurs millions d’euros à bout de bras, c’est trop de pression pour mes petites épaules. Il m’a fallu du temps pour le comprendre d’abord, et ensuite finir par l’admettre. Tant que je rêvassais, j’écrivais des scénarios, m’imaginant les mettre en scène un jour. Après une bonne dépression nerveuse j’ai fini par tourner la page. J’ai alors trouvé ma vocation : transformer mes scénarios en romans. Pour moi c’était un défi au début. La littérature avait quelque chose de sacré à mes yeux, je croyais ça trop noble pour ma personne. Mais en fait, c’est juste que l’écriture d’un scénario est un exercice de paresseux. J’entends par-là que dans un scénario, on ne s’embarrasse pas de conjugaison et de concordance des temps, ni de poésie ou de psychologie approfondie. On se dit qu’il y aura toujours quelqu’un pour rectifier ce qui ne va pas, au moment du tournage et du montage. Puisque fabriquer un film est avant tout un travail d’équipe. Tandis qu’écrivain, c’est vrai un boulot de solitaire. Et finalement, il était à ma portée. Comme mon but a toujours été de divertir, j’y arriverai sans le cinoche.
Raconte-nous les secrets d’une écriture de roman ? Commet y es tu parvenu ? En quoi est-ce différent que d’écrire des scénarios ?
Ma réponse est déjà un peu dans la précédente… Mais pour être plus précis, il faut savoir qu’un scénario décrit précisément, mais aussi très froidement, ce qui devra apparaître à l’écran. Avec l’ébauche de ce que sera la dialogue entre les personnages. Ni plus ni moins. Dans un roman, il y aura aussi des descriptions et des dialogues, mais il y aura en plus un ton, une ironie, un style propre à chaque auteur. Un sens de la formule qui constitue la chaleur du récit. Quand on entreprend un roman, il faut juste faire un choix supplémentaire : le récit devra-t-il être au présent, ou doit-il être au passé ? Tout dépend si l’on a envie de se frotter au subjonctif imparfait. Elles sont seulement là, les différences. C’est tout. Je viens justement de terminer un roman, le tout premier n’ayant jamais été conçu sous forme scénaristique. Et fondamentalement, je n’y ai vu aucune autre différence. Raconter une histoire c’est tenir un bon sujet, être inspiré, et savoir où l’on va. Après, chacun a sa méthode.
Le confinement actuel est-il une aubaine pour écrire ou un frein à l’inspiration ?
Le confinement ne change rien dans ma façon de vivre. Pour écrire il faut être naturellement très casanier. En revanche, l’étrange période que nous traversons peut parfois être un frein à l’inspiration. Il me semble impossible de ne pas être préoccupé par cette actualité sinistre. En tout cas, pour quiconque ayant une imagination fertile, cette période sera quant à elle une véritable source d’inspiration à l’avenir. Drame, comédie, pièce de théâtre, ce sera un prétexte ou une toile de fond historique idéale pour toute sorte d’intrigue.
Tes projets ? Un autre roman ? Quel style cette fois ?
Les projets je n’en manque pas, j’ai de la réserve. Il me faudrait plus d’une vie pour en venir à bout.
Dernièrement j’ai terminé un roman où le personnage principal est une héroïne. Pour la première fois, j’ai écrit au féminin ! Présente d’un bout à l’autre du récit, il s’agit d’une mère au foyer fantasque et pittoresque, dans une histoire d’héritage, légère et toute simple mais que j’ai voulue très pétillante. J’ai tellement adoré l’écrire que j’ai eu du mal à y mettre un terme. Je veux dire par-là, qu’il m’a été pénible de me séparer de ce personnage. C’est ma foi curieux de tomber amoureux d’un personnage qu’on a créé.
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