Dancing People Don’t Die, c’est un festival porté par la scène musiques actuelles chalonnaise, Lapéniche. Et cette année, on a récidivé non pas avec un débat mais deux ! Quand on aime on ne compte pas ! Au programme, deux discussions riches et engagées…

Ces deux débats ont soulevé de nombreuses questions en interne. Sur la posture d’ODiL, sur notre choix d’agir comme fusible entre un milieu militant à l’avant-garde des réflexions sur le genre, sur les pratiques souhaitables pour transformer sans attendre la société et entre un public plus large, peut-être moins concernés par ces sujets, ou plus en délicatesse avec la trituration cérébrale que suppose la manipulation des concepts d’identité de genre, d’égalité femmes-hommes et la politisation de ces questions.

Ces débats n’ont pas la prétention de dévoiler un panel de solutions concrètes immédiates, de résoudre les problématiques locales sur le sujet, de convertir les irréductibles en besoin express de déconstruction pour qu’enfin on passe la seconde, pour se sentir toutes et tous bien dans nos baskets, dans nos milieux professionnels et dans nos lieux de culture.
En revanche, nous sommes satisfaits de participer à la mise en lien de témoignages situés, sensibles et engagés, qui suscitent une réflexion avec des publics plus éloignés de ces questionnements, des institutions en retard sur la mise en oeuvre de protocoles nécessaires et salutaires, des structures qui mutent et s’adaptent, des errances et des fragilités personnelles ou collectives…

Il est toujours temps pour la parole, même lorsqu’il est l’heure de passer à l’action…
Les acteurs de la culture ont la responsabilité de proposer les avant-postes du changement urgent de notre société, le public a aussi la nécessité d’y contribuer, gageons que nous saurons collectivement être à la hauteur !

Débat sur le genre dans les pratiques professionnelles et festives à Lapéniche, salle musiques actuelles, à Chalon-sur-Saône, dans le cadre du festival Dancing People Don't Die.
Un plateau avec des invités de haute qualité !

Deux débats donc, avec des invité·es top la classe :

Priscille de Mona Kazu et UO, artiste locale et engagée, qui a eu également une carrière dans l’industrie, un milieu majoritairement masculin.

Eva Arnaud, Artiste-pédagogue-cheurcheur·euse, ici vous trouverez son mémoire : Perception de la pratique instrumentale et du genre : répercussions actuelles sur l’accès au milieu musical

Astrid Chevalier, chargé de communication et de ressources à la FEMA

Stella Tanguy, mediatrice culturelle à La Vapeur et référente du dispositif Violence sexuelles et sexistes

Illustre, artiste programmée par Lapéniche, rappeuse comme les deux pôles d’un iceberg, qui cherche à assembler les différences. Hors des codes et non-binaire, remettant en question les clichés sur le genre.

Sarah et Marie d’Ultramoule, groupecprogrammé pendant le festival et se revendiquant du punk à chattes et du gangsista rap, du hardcor softcoeur aussi !

Et le public ! Et nos supers complices Alix, Lulu et Sol !

Le public aussi a participé au débat !

DEBAT #1 – La pratique musicale a-t-elle un genre ?

D’abord d’un constat assez implacable. La plupart des rockeurs, rappeurs, djay, artistes musicaux visibles sont des hommes, les studios de répétitions sont majoritairement squattés par des hommes et malgré la sensibilisation du monde culturel aux questions de parité, un bon nombre de métiers et de pratiques sont aussi priorisées pour les hommes… On remarque par ailleurs que les techniciens sont le plus souvent des hommes, que les postes clés dans l’enseignement, dans l’industrie musicale sont aussi surtout réservés à la gente masculine… Bref, on révolutionne rien en disant ça, car le sujet ne s’applique pas qu’à la culture mais également à nos vies privées, nos vies sociales, nos vies professionnelles et voire même notre vie politique. Néanmoins, chaque année, on produit des études et des chiffres qui pointent du doigt le peu de présence des femmes dans différentes strates du domaine culturel en France : artistique, technique, dirigeante et pédagogique. Et le domaine des musiques actuelles est l’un des secteurs culturels les plus touchés par cette disparité. Les musiciennes sont sous-représentées sur scène, les techniciennes sont aussi rares que les directrices de structures. Malgré ces faits concrets, il semblerait qu’on peine à trouver des leviers pour une évolution concrète.

« Même dans le domaine de la culture, que l’on imagine intuitivement accueillant pour les femmes, se faire une place est, pour les créatrices, (et je rajouterai que la question se pose également pour les techniciennes, les enseignantes, les chercheuses, les élèves) un combat de chaque instant. Dans ce secteur comme dans tant d’autres, améliorer la visibilité des femmes est une nécessité absolue. Plutôt que de chercher vainement où sont les femmes, commençons par les mettre davantage en valeur ! »

Alors du coup on fait quoi ? Pour que les femmes soient plus présentes et visibles ? Dans les programmations, les équipes artistiques, techniques, les lieux. Que faire pour que les femmes soient plus nombreuses à prétendre à ces métiers ? Que faire d’autre pour que les femmes soient plus présentes dans les musiques actuelles ?

DEBAT #2 – Où en sont nos relations dans les lieux de culture et de fête ?

L’affaire Weinstein ça fait 5 ans déjà. Elle aura largement médiatisé un débat de société qui concerne tout le monde, féministe ou pas. On s’interroge désormais à haute voix sur un possible danger de fractures entre sexe, sur une fracture entre féminismes qui s’oppposent aussi. On s’interroge sur nos attitudes sociales dans les rapports de séduction également. Dans la sphère publique comme privée le phénomène #metoo et ces petits frères et soeur, #balance plein de trucs, a relancé une conversation qui bien qu’elle existe depuis très longtemps, nous laisse penser qu’on a du chemin à faire. C’est quoi cette conversation au juste ?C’est mamie machin qui soutient la « tribune de Deneuve » au détour d’un repas de famille : « Merde quoi, les hommes vont plus vouloir nous draguer !”. C’est ton vieux pote qui dit : « l’écriture inclusive est une éresie et moi j’ai peur de prendre une baigne chaque fois que j’adresse la parole à une meuf ». C’est le débat à la machine a café entre collègue qui disent : « le consentement c’est comme les chaussettes pendant l’amour, ça casse toute spontanéité… Y’en a marre des féminazies ! »
Bon, nous on trouve que ce serait dommage de réduire ce débat à l’opposition hommes/femmes – femmes hommes, feministe A versus Feministe B. La question qu’on a envie de se poser : qu’en est-il réellement de nos relations à l’intérieur même des espaces culturels et festifs ? Comment sont ré-interrogés nos modes d’interactions sociales en concert, pendant la fête, là où les corps se retrouvent, se libèrent, se rencontrent à l’ère médiatique du consentement ? Et surtout, quelles solutions mettre en place pour nous aider à faire de nos lieux de cultures et de fêtes des milieux « safe », pour toutes et tous ? Parce qu’on a tous le droit de faire la fête et parce que confondre l’agression sexuelle avec la simple drague, c’est bof !

Quelques sources importantes !

– La place des femmes dans la musique et le spectacle vivant – Audiens
– Association Loudher
https://icicestcool.org
– Consentis, moins de violence sexuelle, plus de liberté sur le dancefloor !

Et pour finir, même si on n’a rien fait à part la mise en lien entre Lapéniche et un vidéaste talentueux de chez nous,
on est méga fiers de vous présenter l’atermovie du festival par Simon Later ! A l’an prochain ?

ODiL – Octobre 2022