C’était le 13 octobre 2022. La veille, à la lueur de quelques lampes de mineurs, on s’était réunis pour arpenter un des lieux de rassemblement clandestin de la Bande Noire, aux Mazilles, entre Pouilloux et Saint-Vallier. Yves Meunier, notre spécialiste (à nous, mais qu’on partage volontiers) des problématiques sociales et syndicales de la fin du 19e siècle, nous avait accompagnés pour décrypter les sources de l’anarchisme ouvrier, ici et ailleurs.
Il faisait nuit mais on avait chaud au coeur, sur les traces de ces jeunes insurgés qui ont fait trembler les vitres des chapelles et donner quelques sueurs au grand patron des mines. On s’est souvenus ensemble, on a pris le temps de rencontrer les fantômes de cette histoire fondamentale et trop peu connue à travers les propositions artistiques de la Mère en Gueule, des copains de « Pertes et Fracas » et de Manuel MARCOS, artiste du collectif La Méandre à Chalon-sur-Saône. On s’est donné envie de poursuivre le travail de mise en lumière de ce patrimoine historique local dont on est convaincus de percevoir encore les réminiscences dans la psychologie collective de nos territoires, une forme de persistance de l’esprit de lutte… On s’y est attelés dès le lendemain, autour d’un atelier d’archives populaires. On a plongé dans les interrogatoires de police, dans le rapport d’instruction, dans des lettres de détenus, des rapports en tout genre, pour tenter de reconstituer à plusieurs l’infiltration policière de la Bande Noire qui fera tout basculer…
Et pour continuer à explorer le sujet, sur l’invitation de l’Institut d’Histoire Sociale de la CGT 71, on a écouté Yves Meunier, qui sait si bien nous raconter cette histoire, dans cette conférence qu’on vous propose ici de découvrir.
Il y a des épisodes de notre histoire locale auxquels on s’attache. Parfois parce qu’ils nous sont racontés depuis qu’on est enfant, parfois parce qu’ils sonnent comme un récit épique lointain et qui vient combler notre manque d’aventure… Parfois aussi juste parce qu’on en a reçu seulement quelques bribes, laissant notre esprit vagabonder vers des versions fantasmées et réconfortantes. Ou bien enfin parce que ses méandres nous ramènent au présent, comme une caisse de résonance, comme un air familier de justice sociale que l’on sent menacée… Ce périple la Bande Noire et de ces jeunes gueules noires qui ne se sont pas satisfait du sort qui leur était fait, c’est un épisode auquel on tient chez ODiL. Cette première proposition à l’automne 2022 trouvera un écho dans un projet ambitieux que nous préparons et auxquels nous vous convions, notamment si la recherche collective dans les archives vous intéresse. N’hésitez pas à nous contacter pour en savoir plus et vous tenir informé·es de l’avancée du projet !
ODiL – Novembre 2022