« L’isolement est une des stratégies principales des conjoints violents »
Le confinement, « une séquestration légale » pour les femmes victimes de violences conjugales, Justine Rodier le 30 mars 2020 sur le site Slate
Les inégalités sociales n’ont jamais été aussi criantes qu’en cette période.
Malgré l’apparence figée du monde, des situations inquiétantes persistent et s’aggravent. C’est notamment le cas des violences faites aux femmes, mais aussi aux enfants.
En période de crise, comme celle que nous vivons actuellement, les violences intra-familiales persistent et s’accentuent.
En effet, le foyer est une zone à risques, c’est là où se produisent la plupart de ces violences et dans cette situation, non seulement les facteurs comme l’énervement, le stress, l’attente, les espaces confinés, le 24h/24 tous ensemble, la proximité soudaine et constante favorisent l’émergence de violence là où il en existait déjà, mais peut également être source de nouvelles violences là où elles étaient absentes.
En ce sens, nous relayons les informations des précautions mises en place par le gouvernement mais aussi par les associations militantes, notamment celles du collectif #NousToutes.
Il est indispensable de ne pas arrêter de penser les inégalités.
« Nous observons qu’il y a +32 % de signalements de violences conjugales en zone gendarmerie* en une semaine et +36 % dans la zone de la préfecture de police de Paris en une semaine également », a déclaré Marlène Schiappa à l’antenne d’Europe 1 le 27 mars 2020*
Marlene Shiappa, Secrétaire d’État à l’Égalité entre les femmes et les hommes, sur Europe 1 le 27 mars 2020
Violences intra-familiales en confinement : 2 risques
*Violences qui apparaissent en période de confinement à cause de la situation là où il n’y avait pas de violences avant confinement
*Gradation dans la violence là où elle existait déjà (psychologique, conjugale, physique) : passage à l’acte, passage de violence psychologique à la violence physique
Un numéro : 3919 (mis en place par Solidarité Femmes )
» Numéro d’écoute national destiné aux femmes victimes de violences, à leur entourage et aux professionnels concernés. Appel anonyme et gratuit du lundi au samedi de 9h00 à 19h00 «
Les actions mises en place par le gouvernement
*Plateforme de signalement en ligne ICI
Disponible 24H/24 et 7j/7 , « des policiers et des gendarmes vous conseillent et vous accompagnent via un tchat individualisé, anonyme et gratuit »
*Ordonnance de protection, toujours en vigueur, pour y accéder, c’est ici.
Ce document peut être remis sans avoir besoin de porter plainte !
Il permet d’éloigner la personne violente en la forçant à devoir se confiner ailleurs.
* Accord entre le ministre de l’Intérieur [Chritophe castaner] et l’Ordre des Pharmaciens pour que ces derniers puissent recevoir des alertes et prévenir les forces de l’ordre.
Si il y a présence du conjoint violent, l’alerte codée « masque 19 » permettra aux pharmacien.ne.s de lancer discrètement l’alerte.
*Promesse d’une aide financière d’1 millions pour aider les associations et le financement de 20 000 nuitées d’hôtel pour séparer agresseurs et victimes
Agir : mode d’emploi avec le collectif #NousToutes
Nous Toutes est un collectif de lutte contre les violences sexistes et sexuelles dont l’objectif est de sensibiliser un maximum de monde à la lutte contre les violences.
La situation du confinement sont pour elles un facteur aggravant des violences intra-familiales, voilà pourquoi elles donnent les moyens de se mobiliser pour contrer le phénomène.
Le collectif donne notamment les moyens d’agir si on est témoins de violences autour de chez nous…
En saône-et-Loire : l’asso militante Le Planning Familial
Planning familial 71
» Unique antenne du Mouvement militant en Bourgogne Franche-Comté : une association féministe d’éducation populaire, un lieu de parole ouvert à tou·tes ! S’informer, être écouté·e, soutenir, agir, militer, éducation à la sexualité, groupe de paroles, formations, manifestations… » – Descriptif de l’association sur leur site.
Pouvez-vous nous dire quelques mots pour présenter la structure ?
Chalon-sur-Saône reste la dernière antenne du Planning familial pour la Bourgogne-Franche-Comté, l’association départementale gère un établissement d’information : un Espace sur la Vie affective, Relationnelle et Sexuelle (EVARS). Mouvement féministe et d’éducation populaire, le Planning Familial milite pour le droit à l’éducation à la sexualité, à la contraception, à l’avortement, à l’égalité femmes – hommes et combat toutes formes de violences et de discriminations.
Comment ça se passe, pour le planning en temps de confinement ? Quelles répercussions y’a-t-il sur vos activités ?
En raison des circonstances exceptionnelles que nous vivons, liées au coronavirus, l’activité de notre association est ralentie.
Nous avons axé l’ensemble de notre activité sur le Numéro Vert Sexualités Contraception IVG 0800 08 11 11 : actualisation de l’annuaire / écoute, information et orientation du public. Un important travail est fait pour mettre à jour les informations dans l’annuaire du Numéro Vert liées à l’accès à la santé sexuelle sur notre Région en lien avec l’ARS de BFC (Agence Régionale de Santé).
Par exemple : quels centres restent ouverts et dans quels conditions peut on accéder à une contraception ou une IVG dans le contexte du confinement.
Les écoutantes prennent soin également lors des entretiens de demander aux personnes comment se passe leur cohabitation pendant le confinement, si nous repérons des situations de violences cela nous permet de leur proposer une orientation complémentaire.
Jusque-là, avez-vous réussi à agir à distance ? vous recevez beaucoup d’appels ? Vous parvenez à faire votre travail dans ces conditions ?
À ce jour, nous ne notons pas de difficultés d’accès dans notre Région, néanmoins les appels au niveau national sont à la hausse sur le Numéro Vert .
Nous restons vigilantes nous pensons que les difficultés d’accès aux soins pourraient arriver plus tard en fonction de suites de l’épidémie.
Le foyer, c’est souvent le lieu qu’on échappe quand on a besoin de réponses sur des sujets tabous comme la contraception ou l’IVG… Un conseil à celles et ceux qui ne s’autoriseraient pas de faire appel à vous parce qu’ils.elles ne se sentent pas à l’aise pour le faire chez eux ?
Nous comprenons qu’il n’est pas toujours facile de pouvoir nous appeler dans le contexte du confinement, que certaines personnes peuvent avoir du mal à trouver un espace d’intimité. Nous connaissons les richesses d’inventivités dont chacun.e est capable quand il s’agit de se mobiliser face à une urgence. Si toutefois dans ce contexte il était impossible d’appeler nous pouvons conseiller le Tchat de nos collègues de Marseille sur le site www.parlons-sexualites.fr cet outil est complémentaire au Numéro Vert mais pas encore généralisé.
Nous restons disponibles pour toute personne qui souhaiterait échanger sur la contraception, l’avortement, la sexualité… Vous pouvez nous joindre en composant le Numéro Vert National 0 800 08 11 11 (Appel anonyme et gratuit). N’hésitez pas, toutes vos questions ou vos préoccupations sur ces sujets demeurent importantes !
Émilie, du Planning Familial 71
Maëlle Ghulam Nabi
Illustration de l’article : La façade d’un immeuble parisien, le 19 mars. PHILIPPE LOPEZ / AFP