Putain ça faisait longtemps !!!
Longtemps que je ne m’étais pas senti représenté par un artiste du coin. Entre le discours des jeunes qui ne me concerne plus et la catégorie des vieux cons à laquelle je m’échine à ne pas appartenir (sans forcément réussir hein), je trouve enfin un gars qui me cause dans ma langue.
Je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans devraient connaitre, l’âge d’or des années 90 : rock, rap, electro, l’explosion de tout ça.
Bref, le mâconnais Joe Vitterbo déboule avec un nouvel album qui sied à merveille à mes oreilles et c’est plutôt cool de lui poser quelques questions sur sa façon d’être artiste, car le monsieur est investi, passionné et disert. Checkez ça homies !
Présente-toi, raconte-nous ton parcours.
Vitterbo, musicien officiant en solitaire devant un sampler et un ordinateur, parallèlement à des projets collectifs où je joue la plupart du temps de la basse. Par ailleurs griffonneur devenu dessinateur, puis peintre, un peu par hasard.
Élevé au son des Beastie Boys, de Fugazi, du rock alté des 80’s et du boom-bap des 90’s. Mais aussi de Curtis Mayfield, Coltrane et Colette Magny, entre beaucoup d’autres. Biberonné aux BD’s de Jano, Margerin, Chaland, Franquin, au magazine Actuel, au travail de Miro, Harring, Giacometti, Bosch, Basquiat, Ming…
Musicalement, j’ai commencé en groupe au début des 90’s mais ma première apparition solo date de 2004, j’ai composé et produit 5 albums depuis, plus quelques autres trucs, sur mon propre label Young & Green Records. Le dernier en date s’intitule Neurosurgical beats, il est sorti en mai dernier.
Et j’expose mes Gueules Cassées depuis 2011, en me prenant un peu plus au sérieux depuis 2017.
Sample, compo, utilisation de breakbeats… Livre-nous ta recette musicale.
Je construis effectivement la plupart de mes morceaux à partir d’échantillons, que je découpe, transforme et assemble. J’aime passer du temps à essayer de dénicher des samples, en fouillant dans la prog des 70’s, le jazz polonais, la library italienne ou la pop turque. Je peux utiliser quelques breaks, sous-mixés et filtrés, auxquels je superpose mes propres patterns de batterie et de percus. J’y ajoute en général de la basse et des claviers, parfois un peu de guitare et de scratch. J’ai un set-up très simple et assez peu de matériel, j’utilise vraiment peu d’instruments virtuels par exemple.
Il m’arrive aussi de travailler sur des musiques de spectacles, trop rarement à mon goût. En ce moment je bosse par exemple la bande-son des “Portes du paradigme”, le nouvel objet théâtral non-identifié de Gédéon Latranche, aka Nico Dewynter. C’est le genre de collaboration qui m’intéresse beaucoup. Dans ces cas-là je continue parfois à faire appel à des samples mais je m’abreuve à d’autres sources et l’objectif final n’est bien sûr pas le même.
C’est un peu « So 90’s » de faire du hiphop instrumental non ? Qu’est-ce que t’inspire la scène hiphop actuelle ?
Je suis un ado des 90’s, j’assume totalement ! Ceci dit pas mal de producteurs hip-hop sortent encore des projets instrumentaux, tous ne cherchent pas uniquement à développer des beats dédiés à des rappeurs. Ce sont deux façons de bosser différentes, un titre instrumental va t’amener à penser autrement tes arrangements, tes ambiances et contrastes, tu racontes ton histoire d’une autre façon. En ce qui me concerne, je n’ai rien contre le fait de collaborer avec des MC, au contraire, mais je me refuse à mettre mes prods en vente sur le net comme s’il s’agissait d’une collection de fringues que n’importe qui pourrait acquérir pour peu de lâcher 100 balles. Je veux apprécier la démarche de l’artiste, travailler avec elle ou lui sur la finalisation du titre. C’est sans doute en partie lié au fait que j’ai d’abord commencé et continue à jouer au sein de groupes, dans des projets collectifs. La dimension humaine est primordiale. Si elle n’est pas là, je préfère avancer seul. Ca a quelque chose de très confortable par ailleurs, je garde la liberté de fixer mes objectifs, mes contraintes ou mes délais.
Concernant ta deuxième question, je ne pense pas qu’on puisse encore parler d’UNE scène hip-hop actuelle. Ca reviendrait à dire “LA scène rock”. Le hip-hop est multiple, quelque soit la discipline dont on parle. Il ne cesse d’évoluer en sous-genres. Il s’est hyper-popularisé et a donc infusé autant qu’il s’est dilué. Et puisque son essor s’est fait en parallèle de celui des techniques de compositions ou de productions informatiques, on a tendance à l’amalgame et le moindre morceau composé avec des logiciels et un semblant de flow va être assimilé à du rap ou à de l’electro. Ca n’a pas vraiment de sens, pas plus que le terme “musiques urbaines” d’ailleurs.
S’il rentre en playlist sur Inter, c’est qu’il y a un truc qui déconne quelque part !
La trap francophone qui squatte le palmarès des plateformes de streaming ne m’intéresse pas plus. Les prods sont toutes les mêmes, les mecs sont tous des clones, ils s’inventent des vies et se reniflent entre eux en bombant le torse, genre “c’est moi le mâle dominant”… C’est des gamins de 20 ans qui prônent des valeurs ultra-libérales et qui sont dans le même temps tristement rétrogrades. Ou qui n’ont juste strictement rien à dire. Egocentrisme, matérialisme, violence, sexisme, ils entretiennent soigneusement les clichés dans lesquels on veut enfermer cette musique. Je suis sûrement devenu un vieux con et ce truc a toujours existé dans le rap, mais il n’y a plus de place que pour ça aujourd’hui, c’est ce qui fait des vues. C’est devenu la nouvelle variété, c’est les “années yéyés” 2.0 ! On a affaire à des copistes qui veulent juste reproduire ce qui marche. Je n’ai pas l’impression qu’il y en ait beaucoup qui soient prêts à prendre des risques, dans une vraie démarche artistique ou même simplement réellement curieux et intéressés par cette musique. C’est un truc pour faire du bif. Dans dix ans, on retrouvera des émissions foireuses sur la TNT qui s’intituleront “que sont-ils devenus ?” et qui parleront de tous ces mecs-là… Mais bon je crois que c’est le cas pour tous les styles de musique dans ce pays. En France, la musique ne peut pas être à la fois créative et populaire.
Du coup j’écoute assez peu les français, à de rares exceptions. Le rap US reste loin devant, c’est encore et toujours de là-bas que viennent les évolutions, les autres pays font du plagiat. Eux peuvent être mainstream tout en restant inventifs et authentiques. Et puis le truc cool quand ça parle anglais, c’est que je ne me sens pas systématiquement obligé de me pencher sur les textes, je peux juste me contenter d’apprécier les beats et le flow, l’aspect musical.
Quelles sont tes influences ?
Je t’en ai déjà donné quelques-unes. J’ai grandi avec le rock alternatif, le rap est arrivé en parallèle dès la fin des 80’s. En vieillissant un peu je me suis ouvert à d’autres styles. Je l’ai déjà dit ailleurs, mais je citerai à nouveau le “Check Your Head” des Beastie Boys, parce que c’est réellement cet album qui m’a ouvert l’esprit et totalement décloisonné musicalement.
En ce qui concerne le hip-hop, même si sur mon dernier album je suis allé vers des choses parfois plus electro, ambiantes et solaires, mes basiques restent celles du boom-bap des 90’s, que certains musiciens ont su largement rafraichir ces dernières années. Je préfère les sonorités organiques, j’aime les groove un peu poisseux, quand ça sent le bitume après la pluie, comme dans certaines prods d’Alchemist, Apollo Brown ou RZA, pour ne citer qu’eux. Mais en réalité, je me nourris plus ou moins consciemment d’énormément de choses, j’admire l’inspiration, le savoir-faire ou le savoir-être dans la durée d’énormément de gens. Par contre je ne me dis pas “je veux que ça sonne comme tel mec”, ce n’est pas le but du jeu et de toutes façons je fais juste ce que je peux.
Parlons un peu de ton activité de plasticien, des « Gueules cassées et Hommes debout », de ta démarche. En quoi s’entremêle-t-elle ou non avec la musique ?
J’ai eu la chance de grandir dans une famille qui m’a ouvert les yeux aux arts plastiques. J’ai toujours plus ou moins griffonné, d’abord influencé par la bande dessinée. A la fin de l’adolescence, je me suis mis à garder certains carnets, des trucs sur des feuilles volantes, sans pour autant ne serait-ce qu’envisager de finaliser quoique ce soit pendant très longtemps. Puis j’ai accepté de les montrer et d’en céder certains, une fois, puis deux… Et j’ai continué. Ça a légitimé une envie que je n’osais pas assumer. J’ai eu envie de formats plus grands, j’ai découvert l’encre de chine puis l’acrylique et la toile…
Les Hommes debout sont finalement assez rares, je ne dessine et peins pratiquement que des visages, en tout cas pour l’instant. Je ne sais sans doute faire que ça. Je creuse ce même sillon depuis des années, pour développer une série de Gueules Cassées qui sont autant d’autoportraits sans miroirs. Un ami m’a dit que c’était de l’expressionnisme, je suppose qu’il a raison quand j’y pense mais je ne me suis jamais posé la question.
Je cherche juste à faire apparaitre une émotion en accumulant les couches et les matières, dans des gestes que je veux les moins réfléchis possibles. Je n’ai jamais aucune ambition du résultat à atteindre avant d’attaquer une toile.
Là encore je suis totalement autodidacte, je n’ai pas de technique, juste un état d’esprit. Je cherche hasardeusement, je maltraite, je crade, et c’est surtout un exutoire. Parfois je me sens avec mes pinceaux comme je suis sur scène à jouer de la noise avec Dupek. Je suis dans le lâcher-prise et dans la sensation, un peu en apnée. Souvent j’attaque et je m’y oublie, jusqu’à ce que je me rende compte à nouveau que je suis en train de peindre. Je prends alors du recul et je regarde. Et quand le résultat m’inspire, j’entame la recherche de contrastes et de détails. Généralement ce sont les yeux qui se révèlent, des regards qui vont me fixer et me transmettre une certaine émotion. C’est comme ça que je vais pouvoir considérer qu’un tableau est digne d’un certain intérêt, au moins pour moi.
Je ne fais pas de parallèle entre ma peinture et la musique que je développe en solo. Ma musique m’inspirerait plus des films, des plans séquences sur des voitures qui roulent dans le désert ou des voyages en train. Ma peinture me semble plus “électrique”. Et ce sont vraiment deux exercices cérébraux différents : je cherche la spontanéité en peignant alors que je peux passer des nuits entières sur un son de caisse claire. J’aime beaucoup par contre associer mes tableaux aux compositions de Zato, ce duo ami dont le talent n’a d’égal que l’humilité. Là encore la dimension humaine est prépondérante. Il nous arrive de faire des expo-concerts, on s’invite les uns les autres dès que possible sur des projets, ça me plait vraiment ! Je suis hyper-fier par exemple de les voir évoluer au milieu des mes toiles dans une de leur dernière vidéo, justement intitulée “Broken Faces”.
Lieux, structures, aides…La Saône-et-Loire propose-t-elle assez d’opportunités aux artistes ? Vis-tu de ton art ? Est-ce possible de rester libre justement en en vivant ?
“Assez”, je ne sais pas. Elle en propose en tout cas, quelles soient publiques ou associatives. Mais je connais bien mieux le réseau musical que celui des arts plastiques, parce que pour l’instant j’ai principalement exposé dans un circuit moins officiel, sauf à quelques occasions.
Je crois surtout que ce sont les artistes qui doivent créer les opportunités, les inventer ou les provoquer. D’ailleurs ça veut dire quoi “opportunités” ?
C’est mon projet, alors c’est d’abord à moi de le défendre et de m’y investir, personne ne m’a rien demandé…
Et puis un créatif n’a pas à attendre qu’on lui propose de l’aide pour créer. En ce qui concerne la musique par exemple, aujourd’hui on peut avoir accès pour pas cher à des applis pour smartphones qui sont cent fois plus performantes que l’Atari 1040 stf sur lequel j’ai composé pendant des années ! Alors vas-y, fais-le. Et si tu veux, mets le résultat sur le net. Tu n’as besoin de personne pour ça. Idem en peinture, crée ta galerie en ligne et montre si tu veux montrer. A part pour le spectacle vivant, le web est un outil formidable pour les artistes, qui permet de se passer de beaucoup d’intermédiaires pour atteindre un potentiel public. C’est du boulot mais c’est possible. Ca, d’ailleurs, c’est un truc que les rappeurs-entrepreneurs ont sans doute compris avant tout le monde, pendant que les professionnels du disque ou du concert cherchaient aveuglément à défendre leur pré carré et des schémas d’un autre temps.
Le truc, c’est qu’il faut arrêter de confondre “être artiste” et “vivre de sa pratique artistique”. Je ne vis ni de ma musique ni de ma peinture et je n’y tiens pas. Ça ne m’empêche pas d’essayer de me comporter comme un professionnel, c’est-à-dire de faire les choses le mieux possible. Ca ne m’empêche pas non plus d’être régulièrement payé pour ce que je fais. Mais ça me permet surtout de vivre des expériences que je n’aurais pas connu sans ça, de voyager et de rencontrer des personnes qui vont me transmettre des choses. Je ne dis pas que je refuserais l’opportunité si elle venait peu à peu à se concrétiser, mais je ne suis pas prêt à faire des concessions pour ça et je ne veux pas conditionner ma pratique artistique au fait qu’elle me permette de remplir le frigo. Elle est trop importante pour moi, ce serait trop dangereux. Et puis ça a quelque chose de très prétentieux, de se décréter “artiste professionnel”. Mon but est de faire les choses, c’est tout. C’est peut-être aussi par manque de courage, va savoir. Mais je connais beaucoup trop de musiciens de talent qui finissent par se cantonner à des rôles d’animateurs et délaissent l’aspect créatif parce que la recherche de cachets ne leur en laisse ni le temps ni l’énergie. Je ne leur jette pas du tout la pierre, on est mieux sur scène qu’à l’usine, mais pour l’instant j’ai la chance d’avoir un métier qui me plait, dans le secteur culturel. Ca me permet de conserver un vrai lien au quotidien tout en m’ayant appris à prendre beaucoup de recul et à faire la part des choses.
De toutes façons, à partir du moment où on entre dans le cadre d’un métier, quel qu’il soit, on ne peut plus être totalement “libre”. A moins de rester indé de A à Z, il y a forcément des contraintes qu’on ne choisit pas et qu’il faut respecter, des interlocuteurs qui ont des objectifs qui ne sont pas les nôtres. On peut quand même s’y épanouir en tant que pro mais il faut pour ça comprendre et accepter les règles du jeu. Celui qui mise de l’argent sur toi devient ton employeur.
C’est souvent ça le problème, la plupart des artistes débutants mais un brin ambitieux ne se rendent pas compte de ce que veut dire développer une carrière, d’où pas mal de désillusions. Ou bien ils considèrent comme acceptable l’idée de confier le fruit de leur travail créatif à des personnes dont l’objectif sera d’abord de faire des thunes avec. Il n’y a pas d’altruistes dans le secteur professionnel. Ni dans le secteur institutionnel d’ailleurs. Une politique culturelle reste au service d’une politique globale. Bien sûr qu’il faut solliciter l’argent public, revendiquer la nécessité de le redistribuer aux artistes ou aux acteurs oeuvrant à la démocratisation de la culture, mais il faut savoir où on met les pieds et au service de qui et de quoi on met son travail en échange d’argent.
Comment tu décriras ce que tu faisais au début de ce siècle à tes petits enfants ? Est-il possible de vieillir punk ou hiphop ?
Je ne me suis jamais considéré comme appartenant à une tribu ou à une autre, sauf peut-être vers 12 / 13 ans, mais à l’époque c’était assez simple parce qu’on était soit “plutôt Bérus” soit “plutôt Drucker”, en gros. Ceci dit, professionnellement je suppose qu’il est plus facile de vieillir dans le hip-hop que dans le punk. Sauf dans ce pays encore une fois, où on ne peut vieillir ni dans l’un ni dans l’autre parce qu’on considère que le punk français n’existe pas et que le rap est un truc pour ados. Mais qu’on parle de musique, danse, peinture ou mode, le hip-hop s’adapte à l’air du temps et il est plus compatible avec les codes en vigueur dans cette partie du monde. Tu peux être un rappeur de droite sans aucun problème. Le punk s’est construit sur le rejet du système et sur le “no future”. Et quoi qu’en dise quelques potes, c’est resté un microcosme et ça n’a réellement marqué les esprits que pendant quelques années, une décennie maximum. Ses influences sont toujours là mais sont soit totalement aliénées et corrompues, soit encore dans la sphère alterno, à de rares exceptions. Tu peux vieillir rockeur, à la limite.
Et puis dans le hip-hop, tu passes beaucoup plus de temps en studio que sur la route pour faire des concerts, tu poses sur des tempi à 85 bpm au lieu de 230… C’est pépère, le rap, par rapport au punk !
Les petits-enfants, je leur dirai que papy s’est bien marré, globalement.
J’y ajouterai avec une dose de prétention que j’aurai fait en sorte de rester le plus intègre possible. Après je leur dirai de me piquer mes disques, d’aller fouiner dans l’atelier et de taper “Vitterbo” sur le net si vraiment ils veulent en savoir plus. Ou de passer faire un tour au musée du Louvre de Charolles, qui ouvrira en juin 2047.
Des projets ?
Dans l’immédiat je vais aller boire un coup parce que tout ça m’a donné soif.
Ensuite, je te le disais, je bosse en ce moment avec Nico Dewynter. La première représentation officielle de son nouveau spectacle est prévue cet automne. De mon côté il me reste à finaliser certaines parties sonores.
À part ça j’accumule de nouvelles prods. Je n’arrête jamais vraiment en fait. J’aimerais bien ne pas remettre quatre ans avant de sortir un nouvel album, le temps file ! Mais c’est toujours ce que je me dis et en général je finis toujours par trainasser quelque part. J’ai aussi quelques autres projets collaboratifs qui se construisent doucement, mais ça reste un peu trop tôt pour en parler, le calendrier ne dépend pas forcément de moi.
Concernant la peinture, je sors de deux expos dans le Mâconnais. Les prochaines devraient avoir lieu en 2021. En attendant, je vais continuer à tremper mes pinceaux dans l’encre et l’acrylique pour voir où ça peut me mener.
Pour suivre Joe Vitterbo :
https://joevitterbo.wordpress.com
https://joevitterbo.bandcamp.com
https://www.facebook.com/joe.vitterbo
Interview : Benjamin Burtin