Il y a deux semaines seulement, ODIL co-organisait ce débat en amont des élections municipales, pour permettre aux candidats de s’exprimer face caméra en répondant aux questions des journalistes locaux. Il y a deux semaines seulement et pourtant ça parait remonter à une éternité.
A l’époque, les enjeux de politiques locales nous agitaient tous. Les programmes et les promesses des listes étaient publiés et diffusés, les joutes à coups de communiqués de presse fusaient, chacun défendait son camp avec les meilleures intentions du monde. En ces temps pas si lointains, on ne pensait pas que le premier tour des élections serait sujet à un taux d’abstention si élevé, soumis aux règles de la distanciation sociale, organisé sous le règne du gel hydroalcoolique.
Certains pensaient plus à critiquer le maintien de ce suffrage qu’à faire des pronostics sur les résultats. Ou l’inverse. D’autres juraient que virus ou pas virus, voter était indispensable. Ou l’inverse. Sacré bordel d’injonctions, de jugements, de prises de position instantanées et pas toujours construites, d’hésitations et de doutes. On ne pensait pas non plus que retourner aux urnes pour le second tour serait reporté à une date indéterminée, sûrement quand l’été sera déjà installé.
Nos systèmes révèlent leur fragilités, les vulnérabilités des plus démunis sont accentuées et l’économie si elle demeure la priorité de certains est contrainte à faire une pause. Les oiseaux nous remercient en chantant, les eaux deviennent plus claires, on porte des masques mais la planète respire un peu mieux.
Dans le brouillard des informations on ne sait plus trop quoi croire. Les vidéos complotistes pullulent, les réseaux et serveurs informatiques résistent pour ne pas saturer. Certains cèdent à la panique et remplissent leur caddies de PQ parce qu’être dans la merde c’est pas très agréable.
D’autres se bougent les fesses pour organiser leur quotidien en prenant les autres en compte, en faisant preuve de créativité et de solidarité. Les soignants bagarrent et se préparent à une tornade de malades, de choix absurdes, tentent de parer aux défaillances qu’ils criaient dans la rue il y a déjà des mois, des années. Ils agissent, sans sidération, avec l’abnégation et le courage qui est le leur. Faudra s’en souvenir…
On nous a rapporté que les gilets jaunes du Magny avaient livré des gâteaux au personnel hospitalier de Montceau, que certains commerces comme la Mie Câline avait fait don des invendus. Sacré Gilets Jaunes qui pensaient qu’à leur pouvoir d’achat parait-il…
La liste des initiatives personnelles et collectives va s’allonger et nous faire chaud au coeur, nous rassurer et nous bercer d’utopies à construire, à nourrir. La liste des situations complexes et des comportements pas très brillants humainement aussi. No comment. On sera face aux réalités de nos existences morcelées, au temps qu’on ne prenait plus pour prendre soin les uns des autres, aux choix qu’on a fait sans conscience, à ceux qu’on regrette et ceux qu’on est bien contents d’avoir faits.
Dans tout ce vacarme, la nature continue son oeuvre et les rues sont plus aérées.
Les élections ne sont plus une priorité, bien qu’il soit indispensable qu’on pense d’ores et déjà à sauvegarder ce qu’il reste de notre démocratie.
Ce débat est un témoignage précieux de l’avant crise COVID-19. Ils sont la preuve des engagements qui avaient été énoncés avant que nous basculions dans cette nouvelle ère. Revenons-y en temps voulu. Et soyons forts de ces mots échangés pour permettre à nos futurs représentants d’être guidés dans la prise de leurs futures responsabilités. Ils devront faire face à des défis inédits et nous devrons les accompagner, pour que nos exigences locales d’après confinement répondent le plus justement aux nécessités de toutes et tous. Pour que notre cité reprenne vie en s’approchant le plus possible de nos rêves communs, pour élaborer ensemble un avenir plus clair, plus égalitaire, moins violent, plus conscient et solidaire.
Laëtitia Déchambenoit