Il est 7h du matin un 18 décembre 2020.
La police frappe à la porte de la famille Shalamberidze qui vit au Plessis à Montceau-les-Mines. Il faut qu’ils fassent leurs bagages à la hâte, direction le centre de rétention de Metz. Un billet d’avion a été commandé pour le lendemain. Les deux parents et leurs enfants de 7 et 14 ans, arrivés en août 2019 en France, seront peut-être bientôt de retour en Georgie, expulsés vers ce pays qu’ils avaient quitté. Pourtant le père avait obtenu il y a quelques semaines une promesse d’embauche en CDI dans le secteur du bâtiment et les enfants se réjouissaient de passer cette veille de vacances scolaires avec leurs camarades d’école.

Hier, nous avons papoté avec Carole Bonin, militante au sein de l’association RESF Bassin Minier depuis de nombreuses années.
On a échangé quelques mots sur la situation dans le Bassin Minier où quatre familles sont actuellement assignées à résidence. On a parlé de politique d’accueil, de formes de mobilisations plus ou moins efficaces, mais surtout de la nécessité de donner de la visibilité à ces expulsions organisées à l’aube. De la nécessité de montrer que la solidarité n’est pas morte, que certains humains reconnaissent d’autres humains. Carole nous expliquait alors que le juge des libertés pouvait encore décider de les libérer, considérant que des enfants n’avaient pas leur place dans un centre de rétention. Des prisons qui n’en portent pas le nom. La famille Shalamberidze attend désormais de pouvoir être reçue par ce juge demain. On croise les doigts pour eux, on pense à eux.
Parce que comme le dit Carole, c’est aussi de cela qu’il s’agit. Des militants en soutien devant le commissariat de police, des pancartes à la main quand le bus emmène une famille, ce n’est peut-être pas assez. Mais c’est déjà refuser l’invisibilisation des expulsions et créer une chaine humaine de soutien.

19 décembre 2020
PHOTO – EST CRA METZ 86.eps – © Etablissement d’Infrastructure de la Defense de Metz