Bien sûr qu’on leur souhaite la bienvenue. Parce que ça coule de source, parce qu’autre chose n’est pas concevable.
Et ensuite ? Il y a tellement à faire pour accueillir correctement. Donner la parole, n’est qu’une petite goutte d’eau, mais si ça libère, si ça permet, si ça renforce, alors c’est déjà ça.
Et puis à ceux qui défendent corps et âmes des terres et des langues éternelles, nous, on les aime foulées du poids d’histoires humaines d’où qu’elles viennent, teintées d’accents, qui nous obligent à réinventer notre compréhension des mots simples qu’on ne sait plus entendre. Si t’aimes pas, c’est que t’y a pas écouté assez fort !
Cette année, ils sont treize. Treize mineurs isolés ou accompagnés de leurs famille, arrivés dans le bassin minier entre septembre et décembre 2021, en provenance de Côte d’Ivoire, du Mali, de Guinée, d’Afghanistan, de Syrie, de Macédoine.
Ils et elles sont en inclusion dans les classes du Collège Jean Moulin de Montceau-les-Mines, de la 5ème à la 3ème, en fonction de l’évaluation de leur niveau et fréquentant également les cours de FLE de Mme Magnien à Saint-Exupéry, quelques heures par semaines.
En janvier 2022, à l’initiative de Mme Perrin, principale adjointe à Jean Moulin et Martine Sénéchal, metteuse en scène de la Compagnie À L’Envers De Soi, a été mis en place un atelier théâtre au collège.
Rapidement, chacun se rend compte qu’au-delà du théâtre, c’est d’un espace de parole refuge dont les jeunes ont besoin. Ils créent de forts liens de confiance avec Martine et s’autorisent à déposer des maux, des mots, à prendre la parole, à livrer des parcours complexes, à partager les difficultés qu’ils rencontrent dans leur quotidien en France.
Martine Sénéchal s’est alors tournée vers ODiL pour inventer la forme que pouvait prendre la restitution de ces échanges.
Nous avons alors imaginé avec les jeunes, un podcast pour rendre audible leur parole, visibiliser leurs parcours auprès de leurs camarades collégiens et des professeurs, et ce de manière subtile et sensible.
C’était une grande joie, de les voir investir les locaux, s’emparer des outils pour graver la trace de cet instant-bulle, que nous espérons protecteur et détaché des contraintes quotidiennes.
L’action se poursuivra l’an prochain, parce qu’elle tient à l’engagement de femmes déterminées. Parce qu’elle fait la preuve qu’un accompagnement pédagogique ne suffit pas, il faut aussi permettre de créer des liens avec les autres élèves, de façonner la confiance nécessaire à l’épanouissement des êtres humains, encore plus si leur situation est spécifique. Bonne écoute…
ODiL, Juin 2022