Les élections municipales 2020, on en parlera encore dans quelques années…
On se dira qu’on n’a jamais attendu aussi longtemps entre deux tours pour élire un·e maire et qu’après trois mois les rapprochements et fusions de liste avaient eu tout loisir de s’épanouir, transformant le paysage politique local. On s’en souviendra de ces élections et on racontera que les campagnes électorales étaient soumises à des protocoles sanitaires inédits. On s’interrogera même : le port du masque était-il devenu alors le principal argument de campagne ? Et on se rappellera les fils d’actualités sur les réseaux sociaux et on acquiescera, c’était bien le sujet brûlant du moment.
Contradictions absurdes, pointage du doigt et vigilance zélée sur les modalités de communication et d’action de chacun des candidats envers leurs adversaires. Untel n’avait pas mis son masque sur le marché pour serrer des mains, untel avait réuni tout le monde sans respecter la distanciation sociale, untel avait fait circuler ses programmes de la main à la main sans gel hydro-alcoolique, untel avait distribué des masques dans des sacs en plastique individuels et pas écolos… Euh… vraiment ?
Dans quelques années on se dira que pour décider de l’avenir de Montceau-les-Mines à quelques jours du scrutin, les électeurs avaient dû compter les points pour savoir qui des trois listes encore en lice pour la mairie portait le mieux le masque, le distribuait le plus vite, le revendiquait le plus fort ? On se remémorera que les électeurs avaient dû, au timide sortir d’une pandémie mondiale, déterminer leur vote en fonction de qui faisait le plus de bruit sur les réseaux sociaux, à coups de familiarités fleuries et d’attaques pas toujours en bonne et due forme ? Non bien sûr, ce serait un peu trop réducteur. On pourra raconter qu’il y avait aussi la foire d’empoigne, les insultes virtuelles, les reproches passéistes et les coups bas égo contre égo…
Nous avons organisé ce débat en souhaitant offrir un temps d’expression conséquent au trois candidats.
En leur proposant une formule un peu différente dans laquelle leur temps de parole, équitable, était composé de temps dédié à la fois aux questions et aux réponses. Stratégiquement, ils avaient la possibilité d’utiliser leurs questions pour s’exprimer longuement ou au contraire les formuler succinctement pour s’accorder un temps de réponse plus long. Ils avaient le choix d’attaquer leurs adversaires sur des champs qu’ils maîtrisaient eux-mêmes ou sur des aspects des programmes de campagne restés dans l’ombre… Avec pour objectif, dessiner une carte précise de leur vision politique et de leur projet pour la ville.
Le tirage au sort a déterminé le tour de parole, avantageant certains peut-être, désavantageant d’autres sûrement. Les règles de cette formule de débat avaient été acceptées par les trois candidats et chacun a pu poser deux questions à chacun de ses adversaires. Chaque fois qu’une question a été posée et qu’un candidat à répondu, une relance était possible. Parfois, rongeant leur frein, ils auraient souhaité continuer à débattre et à poursuivre l’échange nourri par la question posée mais tous ont respecté les consignes.
Parfois on aurait aimé qu’ils répondent vraiment aux questions, pas qu’ils les effleurent à peine et les contournent habilement au profit d’une diatribe colérique et susceptible. On comprend le jeu politique, mais on ne le cautionne pas. Parce que loin des débats techniciens, loin des cours de gestion comptable, des mises au point sur les étiquettes politiques et sur les appartenances à des appareils politiques nationaux, on n’est pas sûr que ce débat ait permis aux électeurs d’entendre les lignes claires, les programmes, les propositions concrètes et les visions des trois listes.
Un débat est souvent le lieu des vives prises de bec et de la dramaturgie émotionnelle. L’endroit d’où l’on peut évaluer l’excellent usage de la réthorique des participants, le coeur de joutes verbales privilégiant la forme au fond…
Pour ODIL, le « dé » de « débat » est privatif, pour un moment constructif où l’on, ne se bat pas, mais où l’on s’élève ensemble.
C’est ce que nous avions souhaité pour les Montcelliennes et les Montcelliens, espérons qu’ils ne seront pas trop déçus.
Et pour celles et ceux qui préfèrent vaquer à leurs occupations, le débat bien calé dans leurs oreilles : vous pouvez nous retrouver sur votre applications podcast habituelle ici ou écouter directement dans cet article ci-dessous.
Laëtitia Déchambenoit
21 Juin 2020