Les restrictions sanitaires ont fait ressurgir chez nous le besoin de nous rassembler, elles nous ont fait ressentir combien les idées, les savoirs, les pratiques sont faits pour être partagés.
Alors bien sûr c’est un peu masochiste de parler de lieux d’échange dans un moment où nous sommes plus ou moins, pieds et poings liés. Mais un an après les élections municipales et leur lot de promesses, soit-disant faites au nom de la population, il est temps de se demander qu’est-ce qu’elle veut cette population. De quoi a envie le monde associatif sans qu’on parle à sa place, quel constat fait-il et quelles sont ses propositions ?

Le vivre-ensemble parait faire défaut, les gens le disent, même si les comptoirs de café ne sont plus là pour appuyer leurs espoirs. Mais les pouvoirs publics aussi s’en rendent compte et parmi les politiques mises en place pour recréer du lien, le financement des lieux de vie et autres tiers-lieux s’est imposé ces dernières années.
Ces lieux, qu’ils soient culturels, économiques, techniques, on les voit naître un peu partout, en ville comme en campagne, enfin là où les personnes, les associations, les municipalités, les communautés de communes ont été assez intelligentes pour faire des compromis et montrer que tout le monde trouverait son compte à faire exister un endroit qui déstabilise un peu les visions classiques des domaines concernés.

Qu’est-ce qu’un tiers-lieu ?

Le tiers-lieu est un terme traduit de l’anglais The Third Place (qui ne doit pas être traduit par « troisième place » mais éventuellement par « troisième lieu ») faisant référence aux environnements sociaux qui viennent après la maison et le travail. C’est une thèse développée par Ray Oldenburg, professeur émérite de sociologie urbaine à l’université de Pensacola en Floride, dans son livre publié en 1989 : The Great Good Place.
Ces tiers-lieux permettent aux personnes de trouver des solutions alternatives au fonctionnements traditionnels, de croiser des mondes qui ne se seraient pas rencontrés par ailleurs, de favoriser des échanges grâce aux animations et évènements mis en place.
L’aspect “bottom up” est fondamental et le militantisme citoyen est souvent un élément moteur de la dynamique interne.
Compte tenu de tous ces éléments, le tiers-lieu ne se décrète pas mais il est possible de favoriser son essor.
Ils peuvent prendre la forme d’espace de travail partagés (appelés aussi « coworking »), d’ateliers partagés, de fablab (laboratoire de fabrication) et accueillir des services hybrides tels que des salles de réunions, des jardins partagés, des boutiques partagées, des cafés, des épiceries, des ressourceries, des espaces de médiation culturelle et bien d’autres.

À Montceau-les-Mines, plusieurs associations ont émis ces derniers mois, la volonté de se lancer dans l’aventure, après avoir fait des constats similaires sur la nécessité de telles structures. Nous les avons réunies autour de la table pour en discuter et conforter des imaginaires, qui sans être identiques, ont des points communs et peut-être des intérêts à croiser.
Nous avons donc accueilli Patrick Aymard et Matthieu Demanuelli d’Énergies Citoyennes, Catherine Ravier et Stéphane Brun de l’Alternative, et Yanis Malot, militant Gilet Jaune. Nous-mêmes, ODIL, ayant récemment ouvert nos locaux au public à travers notre studio-bar-boutique, ne nous sommes pas contentés d’animer les échanges, mais nous y avons activement participé comme force de proposition.

Nous vous invitons donc à suivre cette discussion/débat ci-dessous.

Alors ces tiers-lieux ? Est-ce ce qu’il faut à Montceau ?

D’aucuns les voient politiques, d’autres non, certains les imaginent axés sur l’entreprenariat, d’autres souhaiteraient y accueillir une salle de concert. Mais tous les rêvent comme des lieux de convivialité et de partage. Ainsi il est possible de croire toutes ces visions prêtes à cohabiter, parce que le besoin se fait sentir, parce que les énergies sont là, parce qu’il faudra bien un jour que ces mêmes énergies disparates trouvent le courage, l’intérêt et l’humilité de se structurer ensemble pour rendre pérennes les actions.
Nous suivrons avec ODIL ce mouvement, nous l’alimenterons, nous l’espérerons… À suivre…

Benjamin Burtin, Mars 2021